J.P.Z. 15/04/1927
Les jeunes israélites ne sentent pas en général le problème juif comme problème: ils le sentent comme passion, ou bien ils ne le sentent pas du tout. Beaucoups, malheureusement, appartiennent à cette deuxième classe. Fruits d’un milieu national dans lequel l’lsraélite ne s’est jamais considéré d’une race, mais seulement d’une religion différente de celle de la majorité, leur sang ne parle pas, et la conquêt d’une personnalité ethnique s’accomplit en eux (dans les cas exceptionnels) par culture et raisonnement, ou bien (dans la plupart des cas), elle ne se vérifie pas. Ce sont les «assimilés», sauf toujours la possibilité que la voix du sang surgisse, par retour d’atavisme, dans le fils ou dans l’arrière-neveu. Même dans ces pays, dans lesquels las Israélites ont subi ou subissent des persécutions, celles-ci ont en général, même aux yeux des victimes, le caractère de la persécution religieuses. Cela arrive naturellement plus chez les jeunes gens que chez les hommes mûrs. Mais, chez ces derniers aussi dissociation de l’idée d’Ebraisme-race de celle d’Ebraisme religion est fruit presque toujours cultivé et non point naturel.
Quant aux jeunes Israélites qui sentent d’appartenir à une lignée inconfondible, ils sont en général des enthousiastes, des fanatiques (dans la meilleure acception du mot). Pour eux un problème contemporain d’lsraél n’existe pas, en ses éléments complexes. «Sion! Sion!». On ne voit que le but, et on n’étudie us les moyens pour y arriver. Cela est mal. Le jeune lsraélite cultivé est en général un travailleur non point médiocre. La contribution de la pensée de la jeunesse juive aux études de toutes espèces qui concernent le devenir d’lsraél pourrait être bien de fois plus développée qu’aujourd’hui. Il faut que les jeunes lsraélites qui se sentent vraiment tes pansent qui’il ne suffit pas de recueillir des offres pour le Fond National, qu’il ne suffit pas de défendre, en toute occasion et contre tout le monde, la race. Il faut s’occuper, chacun dans la branche qui lui va le mieux, des problèmes actuels de l’Ebraisme; les étudier, las approfondir, en chercher des aspects nouveaux ci de nouvelles solutions. Seulement ainsi on pourra réellement accélérer le midi du soleil qui se lève.
Emilio Servadio